- Dos: SIMPLE
- Circulé: NON
- Année: 1902
- Editeur: / Numéro: DESSIN CARICATURE
BON ETAT VOIR SCAN RECTO VERSO
Le nom de Thérèse Humbert (1856-1918) est associé à l´affaire de l’héritage Crawford, une escroquerie qui secoua le monde politique et financier à la fin du XIXe siècle.
Thérèse Daurignac naît d´une famille paysanne à Aussonne en 1856. Adolescente, elle montrait déjà un goût pour le subterfuge, persuadant notamment ses amies de mettre en commun leurs bijoux afin de faire croire à leurs prétendants qu´elles étaient riches. En partie grâce à ce stratagème, Thérèse parvint à épouser en 1878 à Beauzelle Frédéric Humbert, fils de Gustave Humbert, maire de Toulouse qui deviendra ministre de la Justice dans le deuxième Gouvernement de Charles de Freycinet en 1882.
En 1879, elle prétend avoir reçu de Robert Henry Crawford, millionnaire américain, une partie de son héritage. Dès lors, les Humbert obtiennent d´énormes prêts en utilisant le supposé héritage comme garantie. Ils emménagent à Paris, avenue de la Grande-Armée. Ils achètent le château des Vives-Eaux à Vosves (Dammarie-lès-Lys). Cette escroquerie dure une vingtaine d´années jusqu´à ce qu´un juge ne se décide à faire ouvrir le fameux coffre-fort où sont censés se trouver les documents prouvant l´héritage. Le coffre ne contient qu´une brique et une pièce d´un penny.
Les Humbert ont déjà fui le pays, mais ils sont arrêtés à Madrid en décembre 1902. Thérèse Humbert, qui a notamment comme défenseur Fernand Labori, est jugée et condamnée à cinq ans de travaux forcés, tout comme son mari Frédéric. Ses deux frères, qui s´étaient déguisés en tant que neveux Crawford, sont condamnés à deux et trois ans chacun.
Arrestation de la famille Humbert
Les Humbert sont arrêtés. Cette nouvelle étrange a stupéfié tout le monde : elle fait, à Paris, dans toute la France et à l´étranger, l´objet des commentaires les plus variés. Il a fallu infiniment moins de temps pour faire connaître l´arrestation que pour l´opérer. L´invraisemblable est devenu le vrai. C´est à Madrid, dans la capitale de ce pays où la police surveille avec un soin jaloux ( tellement les conspirations y sont redoutées ) le moindre étranger débarqué de la veille, qu´on a fini par découvrir cette famille de six personnes, grâce à une lettre anonyme assez étrange adressée, la veille de son départ, à notre ancien ambassadeur. Remarquons en passant que, bien qu´il s´agit d´un fait intéressant au plus haut degré le gouvernement français, l´ambassadeur de France n´a informé son ministre qu´après que l´arrestation était déjà opérée et quand il était trop tard pour y revenir. Un agent nommé Caro, à la tête de quelques hommes, se présenta brusquement rue Ferraz et arrêta au saut du lit Frédéric Humbert, Thérèse Humbert, Mlle Eve Humbert, Romain, Emile et Maria Daurignac. Ils songèrent un instant, paraît-il, à sauter par la fenêtre. Il furent détournés de cette intention par la vue des carabiniers qui entouraient la maison. Frédéric Humbert eut cependant le temps de brûler quelque papiers et six billets de banque de mille francs. Eve Humbert, dont la santé est depuis longtemps très ébranlée, fut prise d´une attaque de nerfs, dans les bras de sa mère. Les fugitifs étaient à Madrid depuis le 9 mai, c´est-à-dire depuis le lendemain de leur fuite ; ils habitaient une rue très fréquentée, au milieu de la ville ; ils avaient assisté, d´une fenêtre pavoisée aux couleurs espagnoles, aux fêtes du couronnement ; ils allaient au café français, aux offices religieux, aux courses de taureaux ; ils n´avaient jamais bougé de la ville, où ils s´étaient liés d´amitié avec quelques voisins ; Frédéric faisaient des portraits et l´incorrigible Romain avait noué ouvertement plusieurs intrigues amoureuses. Tout cela paraît bizarre à quelques esprits malicieux, et l´on émet bien des hypothèses. Mais faut-il jamais s´en rapporter aux mauvaises langues ? L´avenir nous l´apprendra, à moins qu´il ne nous apprenne rien du tout. Certain membre du gouvernement et beaucoup d´amis et de protégés n´ont pas intérêt à ce que la \" grande Thérèse \" bavarde trop. Vous verrez que tout s´arrangera... en famille.
Le Petit Journal du 4 janvier 1903
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