MONTESQUIEU (Charles-Louis SECONDAT, baron de la BREDE et de).
Lettres persanes.
Paris, Librairie des Bibliophiles / Jouaust / E. Flammarion Successeur, s.d. [circa 1900].
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2 tomes reliés en un fort vol. au format in-12 (188 x 123 mm) de 2 ff. n.fol., xviii pp., 1 f. n.fol. et 269 pp. ; 2 ff. n.fol., 306 pp. et 1 f. n.fol.
Reliure de l'époque de demi-chagrin glacé marine, filet vertical gras à froid porté sur les plats, dos à nerfs orné de filets gras à froid, titre doré, tête dorée, couvertures conservées.
Ensemble complet de ses deux tomes ; ici reliés en un fort volume.
Chacun s'agrémente de délicats ornements typographiques.
Usbek, un philosophe persan, accompagné de son ami Rica, fait un voyage en Europe jusqu'à Paris. En tenant à jour une correspondance avec des amis rencontrés dans les pays traversés, il dépeint d'un œil faussement naïf – celui qu'une civilisation lointaine pourrait porter sur l'Occident, réduit dès lors lui-même à quelques contrées exotiques – les mœurs, les conditions et la vie de la société française du xviiie siècle.
Le « regard étranger », dont Montesquieu donne ici un des premiers exemples éloquents, contribue ainsi à alimenter ce relativisme culturel qu'on devait voir ensuite illustré chez d'autres auteurs du xviiie siècle. Mais ce roman épistolaire vaut aussi en lui-même, en outre par sa peinture des contradictions déchirant le personnage central d'Usbek : partagé entre ses idées modernistes et sa foi musulmane.
Si on lit entre les lignes, Montesquieu critique ici clairement de façon implicite le système monarchique sous lequel il vit. Cette « arme fatale » (créée par Richelieu) consiste à réunir les 3 pouvoirs (législatif, judiciaire et exécutif) sur la tête d'une seule et même personne: le Roi. En résumé, dans ce texte, Montesquieu laisse entendre la vulnérabilité et la versatilité des Français face à leur souverain.
Légers frottements affectant le dos. Du reste, très belle condition.